Compte rendu de la visite de lʼarsenal de Toulon le 4 novembre 2013

19 nov

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Le lundi 4 novembre 2013, les étudiants du master 2 d’histoire militaire comparée, géostratégie, défense et sécurité, dirigé par monsieur le professeur Jauffret et grâce à l’entremise du capitaine de frégate Pierre Barthélémy, directeur de recherche au CNRS et enseignant dans ce master, se sont rendus à l’arsenal de Toulon afin de découvrir les capacités maritimes militaires françaises.

Toulon, haut lieu de l’histoire de la Marine française, de la construction de l’arsenal du Mourillon au début du XVIIIème siècle au sabordage de la flotte en novembre 1942, constitue aujourd’hui la principale base navale française, plus de 60% du tonnage de la Marine nationale étant à quai dans la rade toulonnaise. La majeure partie de la force d’action navale (FAN) est positionnée dans la rade de Toulon, comprenant notamment le porte-avions Charles-de-Gaulle, les bâtiments de projection et de commandement (BPC) Tonnerre et Dixmude, ainsi que les six sous-marins nucléaires d’attaque de la classe Rubis. La découverte du patrimoine et de l’histoire de la Marine nationale le matin par la visite du Conservatoire des tenues a permis aux étudiants de saisir les traditions qui ont encore cours aujourd’hui, tandis que la visite du porte-avions nucléaire (PAN) Charles-de-Gaulle et de la frégate de défense aérienne (FDA) Forbin l’après-midi a sensibilisé les élèves, plus qu’aux enjeux maritimes actuels, à l’importance que revêt la capacité navale dans la politique étrangère et la souveraineté de la France.

Fleuron de la Marine nationale et symbole tant de la puissance de la France que de ses capacités de défense, le PAN Charles-de-Gaulle constitue un élément majeur de la FAN. Bâtiment de combat de surface à propulsion nucléaire, il est le seul bâtiment de cette catégorie n’ayant pas été construit par les Etats-Unis. Commandé en 1986 afin de succéder au Clemenceau, le Charles-de-Gaulle est entré en service le 18 mai 2001 pour une espérance de vie opérationnelle de 40 ans et constitue le pivot du groupe aéronaval (GAN ou Task Force 473). Acteur principal de projection de puissance, le GAN comprend, autour du Charles-de-Gaulle, une frégate antiaérienne (soit type Cassard, soit furtive type Horizon), ainsi qu’un pétrolier-ravitailleur. A ce dispositif traditionnel peuvent s’ajouter, selon les déploiements opérationnels et les menaces potentielles, des bâtiments de lutte anti sous-marine ainsi que des sous-marins nucléaires d’attaque.

En termes de caractéristiques techniques, le PAN Charles-de-Gaulle est un navire de 260 mètres de long pour 64 mètres de large. Il pèse 42 500 tonnes à pleine charge, se déplace à une vitesse de 27 noeuds (50 km/h) et est propulsé par deux réacteurs nucléaires. Ce sont près de 2000 personnes qui composent l’équipage du porte-avions, dont une centaine pour l’état-major embarqué et près de 700 affectées au groupe aérien. Le Charles-de-Gaulle peut embarquer jusqu’à 40 aéronefs selon les missions, généralement divisés en une trentaine d’avions (12 Rafales Marine F3, 16 Super-Etendards modernisés, 2 EC-C Hawkeye) et six hélicoptères (1 AS532 Cougar RESCO, 2 EC725 Caracal, 2 AS365F Dauphin Pedro et 1 Alouette III SAR). Ses capacités d’emport en vivres (120 tonnes) ainsi qu’en carburant (3 400 tonnes) lui confèrent 45 jours d’autonomie totale en opération. Quant au groupe aérien, avec une capacité de 100 vols par jour pendant 7 jours, celui-ci peut mener près de 700 missions en totale autonomie. Au niveau des systèmes de défense propres du vaisseau, on compte 4 mitrailleuses de 12.7 mm, 2 systèmes surface-air antimissile SAAM (missiles Aster 15), 2 systèmes d’autodéfense rapprochée antiaérienne léger SADRAL (missile Mistral) et 4 lanceleurres SAGAIE et SLAT (antitorpilles). Si, à côté des capacités aéronavales américaines (11 porte-avions de la classe Nimitz, actuellement 7 de ces « capital ship » sont en service effectif), qui présente des capacités d’emports supérieurs, le Charles-de-Gaulle possède des capacités plus limitées, il n’en constitue pas moins un outil majeur de puissance pour la France. Ainsi, lors de l’opération Harmattan menée en 2011 au large des côtes libyennes, la Marine nationale, à travers le déploiement du GAN, a rempli entre 30 et 50% des sorties aériennes françaises alors que l’aéronavale ne possède que 15% des capacités aériennes de l’armée française. Dès lors, la nécessité de posséder un porte-avions n’est plus à démontrer.

La FDA Forbin est une frégate furtive de défense aérienne de la classe Horizon, entrée en service en 2010, elle reprend avant tout un nom prestigieux dans la Marine : celui d’une part de Claude de Forbin, chef d’escadre de la marine royale du Grand Siècle et par ailleurs Provençal, né à Gardanne, seul chef d’escadre a avoir eu le titre de grand amiral de la flotte siamoise et celui d’officier général français dans la flotte de Louis XIV à la fin de la guerre de Succession d’Espagne ; celui d’autre part de la classe de croiseur Forbin qui représente la première classe de croiseurs protégés construite par la Marine française dans la seconde moitié du XIXème siècle.

En termes de caractéristiques techniques, le Forbin. Il compte à son bord près de 200 marins. Ce bâtiment de guerre est long de 153 mètres et large de 20 mètres, pèse 7 050 tonnes à pleine charge et se déplace à une vitesse de 30 noeuds (55 km/h). Il compte à son bords près de 200 marins. Le navire est équipé de 2 tubes lance-torpilles de 324 mm, de 2 tourelles de 76 mm (portée 17 kilomètres), 2 canons de 20 mm et 2 mitrailleuses de 12.7 mm. Pour assurer sa mission première, la défense aérienne, il est également équipé de 8 missiles antinavire EXOCET, 32 missiles Aster 30 et 16 missiles Aster 15 (les missiles Aster ont pour fonction d’intercepter les aéronefs ennemis). La particularité du navire tient dans sa coque : pour réduire sa signature thermique, le navire utilise en effet au maximum des matériaux absorbants et il n’y a aucun hublot personnel à l’exception de celui présent dans la chambre du commandant du navire. Une véritable sensation de confinement et d’imperméabilité saisit le visiteur quand il pénètre à l’intérieur du navire. De plus, le bâtiment est pressurisé pour éviter toute contamination extérieure type NRBC (il possède d’ailleurs à ce titre une chambre de décontamination). Les frégates Horizon constituant les plus puissants bâtiments de surface que la France ait construit après le Charles-de-Gaulle, ses missions principales demeurent l’escorte et la protection d’un groupe aéronaval ou d’un groupe amphibie, c’est-à-dire organisé autour d’un BPC, ces bâtiments demeurant relativement peu armés. Au-delà de ces missions, la spécialité de la classe Horizon demeure le contrôle de la circulation aérienne en zone de guerre mais le Forbin peut également intervenir dans un contexte de crise (intervention de commandos, évacuation de ressortissants et renseignements).

Ainsi s’est conclue la visite de la base navale de Toulon, visite unique qui a révélé l’extrême technicité de la Marine nationale et du degré élevé de compétences indispensables. Rappelons également que la France, avec ses 7 000 kilomètres de littoral, possède la seconde zone économique exclusive (ZEE) mondiale et est riveraine de tous les océans du monde. Alors que la Marine est la seule arme à être constamment déployée, même en temps de paix, elle a aussi comme devoir de contrôler cet espace océanique hautement stratégique. Pour les étudiants, visiter le premier port militaire français a été une occasion unique de mesurer l’importance de cet outil devenu indispensable à l’expression de la diplomatie et de la puissance française. A tous points de vue, cette visite, attendue de longue date par les étudiants de la promotion du commandant Damien Boiteux, constitua un moment fort dans la vie du Master autant qu’une opportunité unique dans le cadre du cursus.

La promotion du commandant Damien Boiteux

Marie-Pierre Cunill, élève moniteur du master 2

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