Travail d’un passionné d’histoire, cet ouvrage s’inscrit dans un domaine qui m’est cher, celui des réflexions sur les circulations militaires et politiques. Il s’inscrit par ailleurs dans le renouveau des études des historiens sur les « internationales blanches » des XIXe et XXe siècles. Quand on évoque la guerre civile espagnole, on pense en premier lieu à la forte mobilisation en faveur du camp républicain qui donne lieu aux « brigades internationales ». Tout l’intérêt de ce livre est de porter un regard d’ensemble sur les différents groupes étrangers qui viennent s’enrôler sous la bannière du camp franquiste. L’étude rappelle les envois nazi et fasciste de combattants en Espagne ; elle revient sur le piètre apport de la Bandera irlandaise comme sur les engagements des milieux royalistes français chez les phalangistes ou dans la Bandera Jeanne d’Arc. Toutefois, l’ouvrage s’enrichit également d’analyses sur des mouvements moins bien connus. Il montre le bénéfice médiatique et politique retiré par le meneur nationaliste roumain Codreanu et sa Légion de l’Archange Michel d’un envoi symbolique de combattants ou encore le pragmatisme de l’Estado Novo au Portugal dans un soutien discret mais réel à Franco. Le panorama est complet, évoquant tour à tour les combattants « africains et partisans de la cause arabe » puis les « fils d’Israël », les Sud-Américains ou les « volontaires asiatiques ». On regrettera simplement parfois le trop grand focus apporté sur tel ou tel parcours individuel et une analyse transversale qui n’arrive qu’en conclusion. L’ouvrage n’en demeure pas moins une très bonne synthèse (unique à ma connaissance en langue française) sur ces volontaires nationalistes venus former des brigades internationales de Franco.
Roussillon Sylvain, Les brigades internationales de Franco, Versailles, Via Romana, 2012, 362 p. (24 euros)
Walter Bruyère-Ostells
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