Archive | août, 2014

LA GENESE DE L’OPERATION TP-AJAX: MOSSADEGH ET LA CRISE DE L ‘AIOC

30 Aug

 Cet article est la première partie d’une analyse de l’opération Ajax mise en oeuvre en 1953 par la CIA pour consolider le pouvoir du Shah en Iran. Elle devient une référence des actions clandestines dans la Guerre froide.

 

L’année 1947 est une année charnière à la fois pour le monde et pour l’Iran. Le premier vient de pénétrer irréversiblement dans la Guerre Froide, et le second doit à présent faire face à son avenir politique. La question de la gestion des ressources iraniennes s’impose comme un problème central. Longtemps sujet de compétition entre les Britanniques et les Russes, le pétrole iranien est alors tout entier aux mains des Britanniques, grâce au système des concessions accordées au XXème siècle par la dynastie Qajar. Une grève des ouvriers de la raffinerie d’Abadan, lieu clé du complexe pétrolier de l’Anglo-Iranian Oil Company (AIOC), est durement réprimée par les Britanniques. Des émeutes sanglantes font rage, à l’issue desquelles les dirigeants de l’AIOC acceptent de se plier au droit iranien. Cependant, ils n’en font rien, et pour prévenir de nouvelles émeutes, l’armée britannique poste des navires dans la baie d’Abadan[1]. La compagnie est la cible de la vindicte populaire. En dépit de la renégociation des termes de son contrat menée en 1933 par Reza Shah, les Iraniens continuent d’être les grands perdants de l’accord. En 1947, la compagnie a engendré 40 millions de livres de profit, or seulement 7 millions ont été reversés à l’Iran[2]. Le sentiment d’exploitation est croissant parmi le peuple iranien et la rancœur qu’il nourrit à l’égard de la compagnie est tenace. Les Britanniques s’opposent ouvertement à toute renégociation de l’accord, et à toute recherche de compromis, ce qui encourage le mécontentement général. L’arrivée de Fraser à la tête de l’AIOC débouche sur une proposition d’Accord Supplémentaire à l’Accord de 1933 négocié par Mohammed Reza Shah. Ce geste conciliateur ne représente pas un réel progrès, puisqu’il ne prévoit que l’établissement d’un seuil minimal de quatre millions de livres pour le versement des royalties. Cette somme paraît bien faible par rapport aux profits réalisés par l’AIOC. Bien que le Shah et Qavam, alors Premier Ministre, saluent cet accord, les Majlis[3] refusent de le ratifier. Le Shah compte sur les prochaines élections pour établir une majorité de députés pro-britanniques, qui cette fois-ci ne rechignerait pas à le ratifier. Les manœuvres électorales du Shah écartent des Majlis plusieurs candidats nationalistes, dont leur leader, le docteur Mossadegh. Celui-ci encourage les protestations du peuple iranien qui suivent l’annonce des élections et demande aux opposants de se rassembler chez lui le 13 octobre. De là, les manifestants vont marcher jusqu’au Palais impérial devant lequel ils vont rester trois jours et trois nuits. Les opposants nationalistes s’organisent en un véritable parti politique, le Front National, dirigé par le docteur Mossadegh. Décrit par l’historien et journaliste américain Stephen Kinzer comme « un bloc d’opposition organisé, sophistiqué, nourri par la veine nationaliste et confiant dans le vaste soutien des Iraniens »[4], il est « une coalition de différents partis politiques, de syndicats, de groupes civils et d’autres organisations consacrées au renforcement de la démocratie et à la limitation de l’emprise des puissances étrangères en Iran »[5]. Sa base d’adhérents est principalement issue des classes moyenne et populaire urbaines. S’y regroupent le Parti d’Iran, nationaliste, progressiste et hostile à l’URSS, et le Parti des Tôliers composé d’ouvriers et de sympathisants de gauche[6]. Il constitue donc un obstacle de taille à la volonté du Shah d’appuyer son pouvoir sur la Grande-Bretagne, qui est l’ennemi désigné du Front National. Il va sans dire que la signature de l’Accord Supplémentaire est plus que compromise. Le sentiment nationaliste iranien prend des proportions inédites. Non seulement, il est institutionnalisé, donc a gagné en légitimité, mais l’Accord Supplémentaire et la politique intransigeante des Britanniques à l’égard de l’Iran apportent du poids à ses revendications. Un nouvel événement va contribuer à aggraver la situation. En décembre 1950, la nouvelle selon laquelle l’Arabian-American Oil Company (AAOC) a conclu un accord sur la base d’un partage des profits à hauteur de 50%[7]. Cette annonce provoque un tôlé au sein des Majlis et de la société iranienne. En janvier 1951, le Front National est à son apogée, et l’indignation qu’ont soulevée les termes de l’accord de l’AAOC lui permet de faire campagne auprès du peuple iranien pour la nationalisation de l’AIOC. Cette idée est accueillie avec chaleur par les Iraniens, de plus en plus convaincus que les Britanniques n’accorderont jamais des clauses favorables à l’Iran. L’assassinat de Ramzara, le successeur de Qavam, qui représentait selon Stephen Kinzer, « le dernier espoir pour la conciliation » marque un point de non-retour dans la crise de l’AIOC[8]. Pour succéder à Razmara, deux solutions se présentent. Le Shah peut choisir d’instaurer un gouvernement favorable aux Britanniques, préférablement dirigé par Zia, qui mettra un terme à la crise en acceptant les propositions de l’AIOC, mais exaltera la colère du peuple. A contrario, il peut choisir d’accompagner la mouvance populaire et porter au pouvoir Mossadegh, le leader du Front National, ce qui revient cependant à s’attirer les foudres des Britanniques.

 

Selon Stephen Kinzer, Mossadegh incarne « la Némésis, le tourmenteur, l’ennemi implacable de l’Anglo-Iranian Oil Company »8. Ces qualificatifs illustrent à merveille la ligne politique que le docteur Mohammad Mossadegh a suivi tout au long de sa vie politique. Il a consacré son combat à faire de l’Iran un état souverain et indépendant, libre de toute intervention, ingérence ou pression des puissances extérieures. Né en 1882, il est dès sa naissance immergé dans le milieu de l’élite politique Qajar. Il débute sa carrière à 16 ans, au poste de directeur des impôts de sa province natale. Lorsque la Révolution Constitutionnelle est réprimée dans le sang en 1907, il part étudier à ce qui était encore l’Ecole Libre de Sciences Politiques de Paris, puis en Suisse, où il obtient un doctorat de droit. Il publie Iran and the Capitulation Agreements, un ouvrage dans lequel il prône la mise en place d’un système politique moderne, fondé sur le modèle des systèmes démocratiques européens, au cœur duquel se trouverait l’égalité de chacun devant la loi[9]. Lorsque celui qui n’était encore que Reza Khan arrive au pouvoir, il tient à s’allier Mossadegh et sa verve nationaliste. Il le nomme d’abord Ministre des Finances, puis gouverneur d’Azerbaïdjan, où les Russes avaient tendance à inciter les dissidents ethniques à la rébellion. Le Shah refuse à Mossadegh le contrôle des troupes iraniennes en stationnement dans la province afin de pouvoir maintenir l’ordre dans la province. Mossadegh démissionne, excédé de ne pouvoir exercer sa fonction correctement. S’ensuit une brève expérience comme Ministre des Affaires Etrangères, qui se conclut sur une nouvelle démission. Déçu par la personnalité de Reza Shah, en qui il avait cru trouvé un modernisateur et un fervent défenseur de la souveraineté iranienne, Mossadegh se présente donc à l’élection des Majlis de 1924, et est élu en se revendiquant comme un farouche opposant au Shah. L’élection de 1928 signe la revanche du Shah car désireux de réduire les Majlis au rang d’institution fantoche, il donne l’ordre que les votes soient décomptés d’une telle manière que seuls ses partisans soient élus. Mossadegh décide donc de se retirer de la vie politique, comprenant qu’instituer un Iran démocratique demeure un projet irréalisable sous le joug de Reza Shah. Ce n’est que lors des élections législatives de 1943 que Mossadegh réapparait sur la scène politique. Il est élu aux Majlis avec un nombre incalculable de voix, bien décidé à faire entrer l’Iran dans une nouvelle ère politique, sociale et économique. Maintenant que son ennemi de toujours, Reza Shah, n’est plus au pouvoir, il lui faut une nouvelle cause à défendre. Il choisira celle de la défense de la souveraineté iranienne, désignant les Britanniques et l’AIOC comme ses ennemis.

  

Les Etats-Unis face à la crise de l’AIOC ou l’entrée de l’Iran dans la Guerre Froide.

La crise de l’AIOC n’est pas qu’une crise impliquant l’Iran et la Grande-Bretagne. De par ses nombreux enjeux internationaux, notamment la question du pétrole et de la stabilité au Moyen-Orient, elle va entrainer l’intervention des Etats-Unis, qui vont activement tenter de la résoudre. D’abord favorable à Mossadegh, qu’il juge indispensable au maintien d’un régime non-soviétique, Truman sera contraint de revoir sa position dès lors que la crise s’enlise. A partir du moment où les Etats-Unis décident de se faire les arbitres de la crise, elle cesse d’être un affrontement entre une puissance aux velléités colonialistes et un état cherchant à défendre sa souveraineté sur ses propres ressources, mais devient un enjeu de la Guerre Froide.

 

Même si les mois précédant l’assassinat du Général Razmara avaient été particulièrement conflictuels entre la Grande-Bretagne et l’Iran, la crise de l’AIOC débute véritablement lorsqu’au lendemain de la mort du Premier Ministre, la commission parlementaire sur le pétrole se prononce en faveur de la nationalisation de la compagnie. Puisque Mossadegh est la seule personnalité éminente capable de s’imposer sur la scène politique et qu’il n’y a personne capable de s’élever contre lui, il convient pour les Majlis d’agir vite en votant la nationalisation. C’est chose faite le 15 mars 1951, jour où 96 députés des Majlis se prononcent en faveur de la nationalisation. Parmi eux se trouvent des députés qui avaient pourtant promis au Shah de s’abstenir. Le Front National occupe une place hégémonique dans le champ politique iranien, et Mossadegh est considéré par le peuple comme « un héros colossal »[10]. Le parti aurait naturellement dû rentrer au gouvernement, dont Mossadegh aurait été nommé Premier Ministre. Mais face à la vague nationaliste, le Shah fait le choix de soutenir ouvertement la Grande-Bretagne et décide de nommer Zia. En réaction, le 28 avril les Majlis nomment unilatéralement Mossadegh Premier Ministre. Son premier acte est de faire voter un texte rédigé de sa main, visant à rendre effective la nationalisation[11]. Les Majlis approuvent l’acte l’après-midi même. Le 1er mai 1951, le Shah signe la loi révoquant l’AIOC et instaurant la National Iranian Oil Company.

 

Alors que la Grande-Bretagne envisage la crise de l’AIOC comme un conflit colonial, les Etats-Unis, qui vont prendre part à la crise dès ses premiers temps, la conçoivent différemment. Il faut dire que lorsque la nationalisation de l’AIOC est prononcée et que Mossadegh devient Premier Ministre, les Etats-Unis sont embourbés en Corée. Leur peur panique de l’encerclement les pousse donc à voir l’Iran comme une victime potentielle de la subversion soviétique, et donc à envisager la crise selon le paradigme de la Guerre Froide. A l’inverse des Britanniques, les Etats-Unis n’ont nullement cherché à se débarrasser de Mossadegh. Aux yeux de Grady, l’ambassadeur américain à Téhéran, constitue le meilleur rempart contre le communisme. En effet, il a été nommé démocratiquement, bénéficie d’une grande popularité et a déjà une solide expérience politique, ce qui offre la garantie d’un régime stable et légitime. De plus, la férocité qu’il déploie à défendre la souveraineté de l’Iran sur ses propres ressources rassure les Américains. Si les Soviétiques se risquaient à imiter la politique impérialiste des Britanniques, ils ne seraient pas plus chanceux. Ainsi, afin de lui apporter son soutien, Dean Acheson, Secrétaire d’Etat, publie le 18 mai 1951 une déclaration publique dans laquelle les Etats-Unis « reconnaissent pleinement les droits souverains de l’Iran, et comprennent le désir iranien d’augmenter les bénéfices qui lui proviennent de l’exploitation du pétrole »[12].

 

Cependant, face à l’escalade des tensions en Iran, les analystes du NSC informent Truman de l’impératif de trouver rapidement une solution à la crise, sous peine qu’elle ne dégénère en conflit armé[13]. Cette hypothèse serait désastreuse, puisque, afin de lutter contre la menace soviétique, le Monde Libre se doit de rester uni. Truman propose alors une médiation américaine pour résoudre la crise, car il veut à tout prix éviter que l’Iran de Mossadegh soit exclu, ou s’exclut délibérément, du monde libre. De plus, en juin 1951, c’est-à-dire un mois après la nationalisation, la perte occasionnée par les sanctions économiques britanniques s’élève pour l’Iran à 10 millions de livres sterling[14]. Un chaos économique conduirait nécessairement au chaos politique, au renversement de Mossadegh, et potentiellement à une prise de pouvoir du Tudeh[15]. La Grande-Bretagne va, inconsciemment, en portant l’affaire devant l’Organisation des Nations Unies, donner à Mossadegh l’opportunité d’asseoir son autorité. La recommandation rendue, si elle n’est une victoire pour aucune des parties, n’en reste pas moins une défaite pour les Britanniques. En effet, elle en appelle à la bonne volonté des parties, et repousse le débat à une date inconnue. Mossadegh, qui a fait le déplacement à New-York en personne, se rend ensuite à Washington pour rencontrer Truman, qui l’assure de sa sympathie, mais lui fait également part de ses craintes relatives au possible basculement de l’Iran dans la sphère soviétique si la crise ne prenait pas rapidement fin15. Néanmoins, Truman sait que la situation politique et économique de l’Iran est fragile, et il commence à douter de la bonne foi de Mossadegh. La menace communiste plane sur l’Iran, puisque le Tudeh s’impose comme le seul parti politique capable de prendre la succession de Mossadegh[16].

 

Mais il ne peut se résoudre à accepter une intervention militaire, car, en vertu du traité d’amitié de 1921 entre l’Iran et l’URSS, en cas de présence militaire étrangère en Iran, l’URSS peut déployer ses troupes. C’est donc risquer une guerre globale, entre deux Etats possédant la bombe atomique. C’est précisément ce que Truman veut éviter à tout prix. Le dilemme auquel est confronté l’administration Truman est résumé dans un rapport de l’intelligence aérienne « en l’absence d’un règlement de la crise du pétrole, la probabilité de perdre l’Iran au profit des Soviétiques deviendrait imminente. Cette perspective confronte l’Ouest à trancher entre deux alternatives : laisser l’Iran passer aux mains des Soviétiques, ou payer le prix nécessaire pour le maintenir dans le camp occidental »[17]. Le 4 novembre 1952, Dwight Eisenhower est élu, et entre en fonction le 20 janvier 1953. Son administration hérite de l’épineux dossier iranien. L’arrivée à la présidence d’Eisenhower va marquer un changement radical dans la lutte des Etats-Unis contre l’expansion communiste. Le New Look sur lequel Einsenhower va fonder sa politique extérieure est une application beaucoup plus sévère de la doctrine de containment précédemment énoncée par Truman. Les fondements du New Look sont exposés par Eisenhower dans son discours d’investiture. « Les forces du Bien et du Mal sont rassemblées et armées. Elles s’opposent comme rarement auparavant dans l’histoire »[18]. Sous la présidence d’Eisenhower il ne s’agira pas seulement de contenir le communisme, mais aussi de reconquérir les territoires perdus pour le Monde Libre. Il faut franchir le Rideau de fer pour libérer les pays du joug soviétique. Cet objectif résume la New Look, c’est-à-dire une version plus dure, plus sévère, plus intransigeante de la doctrine Truman[19].

 

L’un des ressorts du New Look repose sur le recours accru aux expertises du NSC et aux actions de la CIA. Ayant subi de plein fouet le traumatisme de Pearl Harbor, imputé a posteriori à un manquement en matière de renseignement, Eisenhower œuvre à l’instauration d’un service de renseignement fort et puissant, capable d’éviter aux Etats-Unis un nouveau Pearl Harbor[20]. Sa vision du paradigme de Guerre Froide le rend particulièrement lucide quant au rôle à jouer par la CIA, et la place de ses actions dans la stratégie de Guerre Froide. Sous sa présidence, les Etats-Unis sont véritablement en guerre, une guerre larvée, latente, couverte, mais une guerre malgré tout. Il juge indispensable d’agir en conséquence, et de recourir à des actions adaptées, exécutées par l’organe compétent en la matière. Eisenhower a donc beaucoup moins de réticences que son prédécesseur à recourir au renseignement et aux activités clandestines pour mener à bien sa croisade contre le communisme. Ce qui était chez Truman un dernier recours devient chez Eisenhower une pratique courante. Dans cette démarche, Eisenhower est soutenu par les frères Dulles. John Foster, qui occupe dès le 21 janvier 1953 le poste de Secrétaire d’État, est l’artisan de la doctrine du New Look et surtout du roll back, c’est-à-dire le refoulement de l’expansion communiste, et plus seulement son containment. Si la rupture entre la politique de Truman et celle d’Eisenhower est franche, celle entre Dean Acheson et John Foster Dulles l’est encore plus. Alors qu’Acheson encourageait l’émergence du nationalisme dans les pays du Tiers-Monde, John Foster Dulles s’en méfie, et souhaite plutôt la mise en place de régimes nettement pro-occidentaux. Bien évidemment, ce changement de politique au sein du Secrétariat d’Etat va avoir pour Mossadegh des conséquences décisives. La nomination de John Foster Dulles au poste de Secrétaire d’État est accompagnée de la nomination de son frère, Allen, au poste de DCI. Lui est aussi convaincu que l’administration Truman a été trop coulante, et que la CIA est amenée à jouer un rôle plus important dans l’affrontement entre les deux blocs. Il décide de mettre le renseignement et les actions clandestines au cœur de la stratégie américaine de Guerre Froide, car il est intimement persuadé qu’ils sont indispensables à l’accomplissement des objectifs américains.

 

Le durcissement de la crise de l’AIOC.

S’il restait encore un espoir de voir la crise de l’AIOC prendre fin avec un accord négocié, cet espoir est à présent dissipé. Le jour de l’élection d’Eisenhower, peu de temps après la rupture des relations diplomatiques entre l’Iran et la Grande- Bretagne, Kermit Roosevelt, alors chargé d’orchestrer les opérations de la CIA au Moyen-Orient, se trouve à Téhéran. Il a pu constater à quel point le réseau clandestin de renseignement développé par les Britanniques était parfaitement organisé et efficace. Il représente une opportunité en or pour la CIA, dont les antennes au Moyen-Orient sont récentes, et qui n’a donc pas eu le temps de développer des réseaux d’une telle ampleur. Sachant Eisenhower féru de renseignement et devinant que sa politique à l’égard de Mossadegh serait beaucoup plus ferme que celle de Truman, Roosevelt décide de rentrer à Washington pour s’entretenir avec le Président. Sur le chemin du retour, il prend soin de s’arrêter à Londres pour s’entretenir avec ses camarades du SIS, lesquels lui exposent leur nouveau plan pour renverser Mossadegh. Kermit Roosevelt, intéressé, invite Woodhouse, un haut officier du SIS, à Washington afin de rencontrer des homologues de la CIA et discuter du projet de coup d’Etat[21]. Woodhouse sait bien que les Etats-Unis ne sont guère sensibles aux revendications britanniques sur l’AIOC. Lorsqu’il rencontre Allen Dulles, il veille donc à mettre l’accent sur la menace que représente Mossadegh pour le maintien de l’Iran dans le Bloc occidental[22]. Allen Dulles n’est guère difficile à convaincre, d’autant plus que son frère a précédemment identifié l’Iran comme l’une des futures victimes potentielles de la menace soviétique. Loy W. Henderson, le successeur de Grady au poste d’Ambassadeur américain en Iran, presse Eisenhower d’intervenir. Bedell Smith, sous-Secrétaire d’Etat, lui répond que les Etats-Unis « ne peuvent plus approuver le gouvernement de Mossadegh et préfèreraient qu’un nouveau gouvernement lui succède»[23]. Toute l’administration américaine est aux aguets. Seul Eisenhower demeure étonnamment réticent à donner son approbation.

 

Plusieurs éléments vont contribuer à le faire changer d’avis. Tout d’abord, le 28 février 1953, la foule de Téhéran, après une campagne de désinformation savamment orchestrée par les frères Rashidian, marche vers la résidence de Mossadegh et l’en déloge. Le retournement de la foule contre le Premier Ministre qu’elle avait rappelé au pouvoir dans le sang moins d’un an auparavant traduit une instabilité grandissante qui inquiète Eisenhower[24]. Le 4 mars, lors d’une réunion du NSC, un rapport dramatique sur la situation en Iran est présenté au Président. Si Mossadegh venait à démissionner ou à être assassiné, « l’Iran tomberait alors dans un vide politique et les Communistes pourraient aisément en profiter »[25]. Afin de faire prendre conscience à Eisenhower de la nécessité d’intervenir en Iran, les frères Rashidian font tout pour mettre les prévisions des rapports du NSC en application. Ils s’appliquent à isoler Mossadegh sur la scène politique et à accroître l’instabilité. Leurs efforts sont vite récompensés puisque Kashani, Baqai, le chef du Parti des Tôliers, et Makki, l’allié de toujours de Mossadegh et son potentiel successeur quittent le Front National. Ces trois personnalités permettaient à Mossadegh de bénéficier d’une large base de soutien. A présent, il est particulièrement vulnérable, seulement entouré de quelques irréductibles. Les frères Rashidian organisent en parallèle des enlèvements de personnalités publiques et politiques afin de semer la terreur et le chaos à Téhéran. L’opinion publique est alarmée, le milieu politique rend Mossadegh responsable de ce marasme. Déboussolé, abandonné, Mossadegh demande en dernier recours une aide financière des Etats-Unis. La réponse d’Eisenhower est sans appel. Aucune aide ne sera versée à l’Iran tant que la crise de l’AIOC ne sera pas résolue. A la fin du mois de mars 1953, Donald Wilber pour la CIA et Norman Derbyshire pour le SIS sont chargés par leurs agences respectives de mettre sur pieds le renversement de Mossadegh, baptisé Opération TPAjax pour les Américains, opération Boot pour les Britanniques. En vertu du roll back et du New Look, il s’agit de prévenir la menace soviétique, et donc de recourir à une action préventive afin de sécuriser les intérêts américains en Iran, et de damer le pion aux communistes. L’opération TPAjax doit être perçue comme un virage dans la politique américaine de containment. Les actions clandestines de nature politique visant à renverser des régimes hostiles ou présumés hostiles s’imposeront dans sa continuité comme un levier privilégié de lutte contre l’expansion communiste.

 

Sophie Gueudet, monitrice du Master II en 2014-2015

(d’après son mémoire pour l’obtention du diplôme de Sciences Po Aix soutenu en juin 2014 sous la direction de Walter Bruyère-Ostells)

[1] KINZER Stephen, All the Shah’s men, New-York, John Wiley&Sons, 2003, p 52.

[2] Ibid p 68.

[3] Chambre basse du corps législatif (bicaméral au temps du Shah) iranien.

[4] « An organized, sophisticated, opposition bloc fired with national zeal and confident of broad public

support » (traduction personnelle), KINZER Stephen, op. cit. p. 71.

[5] « New coalition of political parties, trade unions, civil groups and other organisations devoted to

strenghtening democracy and limiting the powers of the foreigners in Iran » (traduction personnelle)

Ibid. p.71.

[6] GASIOROWSKI Marc, « The 1953 coup in Iran », in The International Journal of Middle East

Studies, volume 19, numéro 3, août 1987, p 662.

[7] Ibid., p 76.

[8]  « Awakening nationalism and political consciousness of the people of Asia » (traduction personnelle), GASIOROWSKI Marc, op. cit., p 79.

[9] Ibid., p 55.

[10] KINZER Stephen, op. cit., p 80.

[11] Ibid., p 82.

[12] Ibid., p 93.

[13] Ibid., p.97

[14] Ibid., p.104

[15] Parti communiste iranien fondé en 1941.

[16] KINZER Stephen, op. cit., p 129.

[17] « In the absence of some oil settlement, the probability of losing Iran to the Soviets would become

increasingly imminent. This prospect confronts the Western Allies with a choice of alternatives: to

allow Iran to pass into Soviet hands by default, or to pay the price for retaining it in the Western

camp”, Air Intelligence Production Memo, « The Implications of the Soviet-Communist Threat in Iran, »

dated August 13, 1952, CCS 092, Iran (4-23-48), RG 218, USNA, in GAVIN, James, op. cit, p.27,

http://www.fas.harvard.edu/~hpcws/gavin.pdf, visité le 4 janvier 2014

[18] Discours d’investiture de Dwight Eisenhower, 20 janvier 1952, in AMBROSE, Stephen,

Eisenhower, Paris : Flammarion, 1986, p 335.

[19] NOUAILHAT, Yves-Henri, Les Etats-Unis et le Monde au XXème siècle, Paris : Armand Collin,

2003, p 190.

[20] ANDREW Christopher, op. cit, p 99.

[21] KINZER Stephen, op. cit., p 149.

[22] Ibid, p 151.

[23] “ The US could no loger apporve of Mossadegh’s governmentand would prefer a successor

government » (traduction personnelle), Service History, op. cit., p  2.

[24] « The Iran situation has been shown disintegrating and a communist takeover is becoming more and more of a possibility », Foreign Relations of the United-States, 1952-1954, vol X ; p 693.

[25] KINZER Stephen, op. cit. p 158.

RENTRÉE

26 Aug

Etudes géostratégiques fait sa rentrée un peu en avance avec des réflexions tirées de mémoires soutenus en juin. Les opérations américaines (drones, opération de la CIA en Iran en 1953) seront à l’honneur en attendant de revenir à la très riche actualité géopolitique et militaire. Bonne rentrée à tous !

LES DRONES ARMES AU CŒUR DES DÉBATS ETHIQUES

26 Aug

Tout au long de l’histoire, la tendance naturelle de l’humanité à pratiquer la guerre ne s’est jamais démentie. Selon Emmanuel Kant, pour qui « la guerre n’a que faire de motivation, mais semble indissociable de la nature humaine et se voit même attribuée valeur de noblesse », le principal danger de l’homme est lui même. Si l’innovation technologique a toujours été au cœur de l’activité humaine – permettant parfois des ruptures dans l’art de la guerre – les conflits sont aussi des moments privilégiés de l’inventivité scientifique. Ainsi, les deux guerres mondiales de 1914-1918 et 1940-1944 sont à l’origine de multiples innovations : lance flamme, grenades, gaz de combat etc.

 

Que représente, dès lors, l’arrivé des drones dans le paysage stratégique contemporain ? Sont-ils la « nouvelle figure aérienne du mal » comme le laisse penser J. Henrotin[1] ?

Le sujet bénéficie d’une couverture médiatique importante et les drones américains, notamment dans le cadre des targeted killing conduits par la Central Intelligence Agency (CIA) pour lutter contre Al-Qaïda, sont l’objet de vives polémiques. En effet, l’emploi létal des UAV par quelques États nations occidentaux, principalement les Etats-Unis, s’est accru au fil des années sur plusieurs théâtres d’opérations – Pakistan, Yémen, Afghanistan, Somalie – et l’émergence de cette technologie a suscité un vaste débat autour de la justification éthique de son emploi. Certains estiment par exemple que les drones armés créent une situation de conflit asymétrique particulièrement vile et déshonorante et que l’efficacité de leur emploi dans le cadre de la lutte anti-terroriste n’est pas prouvée. D’autres soulignent les répercussions psychologiques sur les opérateurs – qui sont souvent à des milliers de kilomètres du théâtre d’opération – qui peuvent provoquer une dissonance cognitive grave chez le combattant. Enfin, des auteurs affirment que le droit de la guerre – dans sa conception contemporaine par le jus ad bellum et surtout le jus in bello -  n’est pas respecté.

 

Bien que la drone warfare soit relativement récente, les problèmes qu’elle soulève ne le sont pas et correspondent à des interrogations éthiques sur la conduite de la guerre tout à fait traditionnelles. En effet, appliquer à la pratique contemporaine de la guerre à distance  la théorie de la guerre juste, qui trouve ses origines chez Saint Augustin[2]. Les théoriciens de la guerre juste, dont Michael Walzer est l’un des penseurs modernes[3], partagent avec les forces armées une même vision du rôle que peuvent jouer les innovations technologiques dans la conduite de la guerre. Pour eux, les états-majors doivent adapter leur cadre éthique aux problèmes posés par les innovations technologiques, problèmes liés aussi bien à la théorie de la guerre juste qu’à l’approche militaire de la guerre à distance ou encore à la conduite elle-même de la guerre. Surtout, le danger vient du fait qu’on accorde trop souvent d’importance à ce qu’apporte la technologie, notamment l’avantage d’écarter les risques de mort du combattant en l’éloignant du champ de bataille, alors qu’on oublie de considérer le sens que le combattant qui est éloigné du champ de bataille va donner à cette technologie[4].

 

La technologie permettrait une plus grande discrimination que par le passé puisque les technologies militaires les plus avancées ne mettraient plus leurs utilisateur en danger tout en imposant des coûts très élevés à leurs cibles. Dans cette guerre des drones, il ne s’agit donc plus d’une relation agresseur/victime mais bel et bien d’une relation utilisateur de technologie/cible. Selon la théorie de la guerre juste, les victimes d’une agression doivent toujours être protégées contre la souffrance que cette agression engendre. Selon cette vision donc, la technologie militaire doit être perçue comme un simple outil permettant d’aider l’agresseur ou d’aider la victime. C’est ainsi que Walzer affirme que « les avantages technologiques nous permettent de combattre avec une plus grande discrimination et que si ces avancées sont dépourvues de risques pour l’utilisateur, cette possibilité d’une plus grande discrimination peut entrainer un risque pour celui-ci »[5].

 

La technologie est-elle « la promesse d’une guerre sans effusion de sang »[6] ? Le développement des véhicules militaires non habités  peut en effet être compris comme la réponse à des pertes trop élevées.  C’est ce que Ralph Peters, officier de l’US Army en retraite et analyste militaire évoque en parlant de la « quête, essentiellement américaine, du Graal, à savoir les croyances selon lesquelles la technologie résoudra tous les problèmes humains »[7]. Il semble donc que les véhicules inhabités offrent un niveau de sécurité jamais égalé auparavant.

 

Mais est-ce également le cas sur l’aspect psychologique ? Certains auteurs comme David Grossman[8] soulignent en effet le fait que la distance entre l’agresseur et la victime est inversement proportionnelle au degré de résistance devant l’acte de tuer et donc au taux de dommages psychiatriques du coté de l’agresseur. Ainsi un combattant qui combat en corps à corps souffrira plus facilement d’un stress post-traumatique qu’un pilote d’avion de chasse. Il indique également que lorsque le tueur est à distance  avec « une assistance mécanique » comme un radar, une caméra ou des jumelles, non seulement le tueur ne refuse pas de tuer mais en plus il ne subit aucun traumatisme psychiatrique. Il convient donc d’insister sur l’importance du facteur de la distance émotionnelle ou emphatique.

Pour d’autres analystes, les opérateurs de véhicules inhabités souffrent autant si ce n’est plus que les combattants présents physiquement dans la zone de guerre au niveau fatigue, épuisement émotionnel et surmenage[9]. Nolen Gertz[10] par exemple, affirme que si la réponse à cette question est compliquée, c’est peut-être parce que la technologie joue un rôle que l’on n’a pas encore identifié dans la relation entre l’éloignement et le traumatisme. Conduisant son analyse essentiellement à travers les positions de Freud, Gertz rappelle que le psychanalyste considérait qu’avoir conscience du fait qu’agir selon son désir conduirait à un danger extérieur de punition engendre une angoisse qui ne peut être soulagée qu’en éliminant ce désir et, dès lors, la menace qu’il a fait naître.  Un adulte peut également éprouver de l’angoisse lorsqu’il ressent du plaisir par des procédés socialement inacceptables. Cette angoisse est due à ce que Freud appelle « des modifications contemporaines [des] situations anciennes du danger »[11].  Selon lui ce que redoute l’individu c’est la perte de la source de son plaisir : dans notre cas l’arme.  Ainsi « la « résistance devant l’acte de tuer » qui, d’après Grossman est naturelle et correspond au traumatisme induit par la proximité physique avec l’ennemi, serait selon Freud, une résistance aux conséquences du fait de tuer et d’en prendre plaisir d’une manière inacceptable »[12].

 

 

Quoiqu’il en soit, la tendance pressentie par certains est que « les guerres vont perdurer et à terme,  ce sont des robots autonomes qui seront déployés, pour en assurer la conduite »[13]. On peut alors se poser la question de savoir si les systèmes automatisés sont capables de se plier aux lois de la guerre actuellement en vigueur « aussi bien, voire mieux, que nos soldats ».[14] Le résultat visé par une telle démarche est bien évidemment la diminution des dommages collatéraux et notamment des victimes civiles. La question à se poser est alors de savoir si les robots, qui sont déjà plus rapides, plus forts et dans certains cas, plus intelligents que les êtres humains, seront capables un jour de faire preuve de davantage d’humanité sur le champ de bataille qu’eux[15]. « Dans le brouillard de la guerre, il est bien difficile pour un être humain de déterminer concrètement si une cible donnée est bel et bien légitime »[16]. C’est donc pour pallier à cela que les chercheurs espèrent que les robots autonomes seront un jour capable de mieux se comporter que les êtres humains. Si les chercheurs fondent leurs espoirs dans ce « mieux » c’est d’abord parce que les robots  n’ont pas besoin de se protéger, et peuvent même être programmés pour se sacrifier. L’instinct de survie n’intervient donc pas dans leurs décisions, ils peuvent être équipés de matériels bien plus performants que ceux dont l’être humain dispose actuellement. De plus, ils sont capables, plus rapidement que l’homme, d’intégrer beaucoup plus d’informations pour une prise de décision optimale. Par ailleurs, ils peuvent être programmés pour ne pas éprouver d’émotions qui pourraient perturber leur capacité de jugement. Ils ne sont donc pas affectés, dans des situations de stress intense, et ne sont donc pas conduits, comme l’est l’être humain, au phénomène de  refus de prendre en compte des nouvelles informations. Enfin, si des systèmes autonomes sont mêlés à un groupe mixte on imagine qu’ils seront capables de surveiller le comportement éthique des êtres humains ce qui pourrait amener le nombre des infractions à diminuer.

 

Que devrait être, dès lors, les orientations de la recherche dans le domaine de l’intelligence artificielle ? Ronald Arkin affirme par exemple que « rien ne justifie, ni ne devrait justifier, que les systèmes autonomes armés soient programmés pour adopter, sous quelque forme que ce soit, l’un de ces modes de rationalisation ou d’action inacceptables, et propres aux êtres humains »[17]. Le danger est en effet l’accroissement régulier de ces atrocités commises sur le champ de bataille à la vue d’une utilisation croissante de la technologie. Il faut donc stopper cette escalade en imposant des limites à la technologie elle-même. Pour cela il conviendrait par exemple d’inviter tous les scientifiques à se rassembler afin « de faire en sorte que les machines que [les] ingénieurs en robotique [créent] répondent de façon optimale aux attentes et aux besoins de la communauté internationale et de la société contemporaine ».[18]

 

S’interroger sur les drones armés semble d’autant plus pertinent que ceux-ci seront sans doute de plus en plus présents dans les opérations militaires, à tous les niveaux. Toute technologie nouvelle, protégeant mieux le combattant, devrait a priori constituer une amélioration éthique et son emploi s’imposerait donc d’un point de vue moral, à moins que « de forte raisons compensatoires existent pour renoncer à cette protection »[19]. Si l’utilisation actuelle des UAV, notamment dans le cadre de la lutte anti-terroriste américaine, apparaît comme très discutable d’un point de vue moral, notamment au regard de la responsabilité légale ou de la violation dans certaines circonstances du jus ad bellum et du jus in bello, d’autres principes moraux sous-tendraient néanmoins l’obligation éthique qu’il y a à opérer des UAV pour des actions justes[20]. Surtout, les préoccupations morales et éthiques liées aux drones armés doivent davantage être tournées vers la remise en cause des décisions politiques et des cas particuliers de mise en œuvre de la force – notamment les targeted killing, les dommages collatéraux éventuels ou l’opacité de l’encadrement et de la responsabilité légale de certaines situations – et ne doivent pas devenir des « objections de principe » à l’égard des drones[21].

Ceci étant dit, le débat public devrait se concentrer sur une plus grande transparence des prises de décisions politiques. Aux Etats-Unis, l’encadrement automatique des frappes de drones de la CIA par une commission sénatoriale par exemple, ou tout simplement le transfert pur et simple des prérogatives de cette agence vers le Pentagone, sont en cours de discussion[22]. Si les politiques et les états-majors ont un rôle primordial à jouer dans la normalisation – nationale mais aussi internationale – ou dans la redéfinition de principes moraux de responsabilité et d’éthique, la société civile s’invite et doit continuer à s’inviter au débat. Si les UAV continuent d’être déployés sur des théâtres d’opérations, il devra exister tôt ou tard une responsabilité des conséquences prévisibles et imprévisibles, responsabilité partagée dans nos démocraties par chaque citoyen au sein de la nation souveraine. C’est pour cette raison que le débat sur l’emploi des UAV ne doit pas être limité aux cercles institutionnels d’experts mais doit être ouvert.

 

Charles Devesse, diplômé de Sciences Po Aix en 2014 (d’après son mémoire de fin d’études)

[1] « Le drone, figure aérienne du mal ? », DSI, Hors-série, n°30, juin-juillet 2013, p. 50-52.

[2] Daniel Brunstetter et Jean-Vincent Holeindre, « La guerre juste au prisme de la théorie politique », article consulté sur internet : <http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=RAI_045_0005&gt;.

[3] Michael Walzer, Arguing about war, New Haven, Yale University Press, 2004, p.174.

[4] Michael Walzer, Arguing about war, op. cit., p.174.

[5] Ibid.

[6] Peter W. Singer, Wired for War, New York, The Penguin Press, 2009, p.291.

[7] Peter W. Singer, Wired for War, op. cit., p.291.

[8] David Grossman, On killing, Boston, Brown and Company, 1995, P.107-108.

[9] Peter W. Singer, Wired for War, New York, op. cit. p.291.

[10] Nolen Gertz est docteur en philosophie et ses travaux portent entre autres sur l’éthique appliquée, la philosophie sociale et la phénoménologie.

[11] Sigmund Freud, Lecture XXXII : Anxiety and instinctual Life, in The Freud Reader, translated by Peter Gay, New York, W.W.Norton & Co,1989, P.779.

[12] Nolen Gertz, Les drones aériens : passé, présent et avenir, op. cit., p.579.

[13] Cité dans Les drones aériens : passé, présent et avenir, op. cit., p. 587.

[14] Ibid.

[15] Ronald Arkin, Regent’s professor et vice-doyen en charge de la recherche au College of Computing au Georgia Institute of Technology, Professeur invité à la KTH Royal Institute of Technology de Stockholm, au Sony Intelligence Dynamics Laboratoires de Tokyo et à l’Artificial Intelligence Group du LAAS/CNRS de Toulouse.

[16] Les drones aériens : passé, présent et avenir, op. cit., p.587.

[17] Cité dans Les drones aériens : passé, présent et avenir, op.cit., p.596.

[18] Ibid.

[19] Bradley J. Strawser, Les drones aériens, passé, présent et avenir, op. cit., chapitre 6 Moral Predators : le devoir d’opérer des véhicules inhabités, p. 397.

[20] Bradley Strawser, Moral Predators : le devoir d’opérer des véhicules inhabités, in Les drones aériens, passé, présent, futur, approche globale, op. cit. p.369.

[21] Ibid.

[22] Philipe Bernard, « Barack Obama veut encadrer l’usage des drones », Le Monde, 7 décembre 2012

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