Camerone : l’épisode fondateur de la Légion

Plutôt que de commenter en termes élogieux qui pourraient paraître douteux aux mal intentionnés de la part de son successeur, je vous renvoie au commentaire de guerres-et-conflits sur l’ouvrage d’André-Paul Comor consacré à l’épisode fondateur du mythe Légion Etrangère, Camerone :

« Déjà auteur de plusieurs ouvrages sur la Légion étrangère, à laquelle il a consacré une partie de ses recherches, André-Paul Comor (par ailleurs directeur d’un important ouvrage collectif, Dictionnaire de la Légion étrangère, à paraître dans les prochains mois dans la collection ‘Bouquins’, chez Robert Laffont) nous propose aujourd’hui une étude entièrement consacrée à cette bataille emblématique, fondatrice, mythique.

Les deux premiers chapitres (« La belle affaire du Mexique », pp. 15-31 ; « Vers l’aventure », pp. 33-64) remettent « l’affaire du convoi de Puebla » dans son contexte, le déploiement du Régiment étranger le long de l’indispensable axe de ravitaillement qui part de Vera Cruz, dans l’environnement malsain et désolé des Terres chaudes du Mexique. Le long convoi qui se met en route à la fin du mois d’avril est considéré comme celui « de la dernière chance » : il « va s’étirer sur près de cinq kilomètres » et son (insuffisante) escorte est précédée par « un détachement chargé de reconnaître la route », sous le commandement du capitaine Danjou, adjudant-major : « le colonel lui confie le commandement de la compagnie de service pour une mission de routine qui va changer le cours de l’histoire de la Légion ».

L’important chapitre 3 (pp. 65-130) décrit par le menu le détail du « Combat de Camaron », le 30 avril, de la première escarmouche vers 07h00 au repli vers l’hacienda, du début du siège à la mort du capitaine Danjou, après sa fameuse réponse à l’ultimatum mexicain : «  Nous avons des cartouches et nous ne nous rendrons pas ». Malgré leur résistance, les légionnaires sont soumis aux assauts de plus en plus rudes des Mexicains, renforcés par les fantassins du colonel Milan. En début d’après-midi, ils doivent se replier sous un hangar, blessés et assoiffés, également victimes de l’incendie allumé par les assaillants. Il ne reste plus à 17h00 qu’une poignée de légionnaires, dont « huit encore valides en état de sa battre ». A 18h00, « la 3e compagnie est réduite aux cinq hommes encore valides » : Maudet, Maine, Catteau, Constantin, Wensel. La dernière cartouche, la dernière charge à la baïonnette. Puis le silence et la célèbre réponse d’un officier mexicain à l’ultime demande des survivants : « On ne refuse rien à des hommes tels que vous ! ». Le bilan de la journée pourra être établi après que les blessés aient été relevés : la 3e compagnie a perdu 70% de son effectif.

André-Paul Comor s’intéresse ensuite au sort des prisonniers et blessés, restés aux mains des Mexicains, et donne des chiffres très précis (ou aussi précis que possible) sur la réalité des pertes dans les deux camps. Mais il rappelle aussi que l’exploit de Camerone tombe assez rapidement dans l’oubli et que d’autres combats outre-mer, en Afrique du Nord ou au Tonkin, auraient pu tout aussi bien marquer durablement la mémoire légionnaire. C’est en fait à la veille de la Première Guerre mondiale que « Camerone sort de l’oubli. Des officiers prennent peu à peu conscience du parti qu’ils peuvent tirer de cet épisode somme toute secondaire de la campagne du Mexique pour distinguer la Légion au sein de l’armée française. L’histoire cède la place à la mémoire, et bientôt au mythe à valeur universelle ».

Le dernier chapitre (« De l’histoire à la mémoire : le testament de Camerone », pp.131-147) est donc consacré par l’auteur à reconstituer les étapes successives de l’utilisation du nom de Camerone, de « l’invention », devenue un besoin lorsqu’il est nécessaire d’assurer la cohésion de la « jeune Légion » durant l’entre-deux-guerres, à « la ritualisation », après la Seconde guerre mondiale.

Utilement complété par des nombreuses références d’archives, une riche bibliographie, des annexes très précises, plusieurs cartes et un bon index, ce vrai livre d’histoire permet de faire un point tout à fait précis d’un fait d’armes devenu la quintessence des traditions légionnaires.

Tallandier, Paris, 2012, 190 pages. 18,50 euros. »

Vous pouvez par ailleurs retrouver l’entretien qu’André-Paul Comor a accordé à Remy Porte (http://guerres-et-conflits.over-blog.com/)

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